Onze jours après un premier incident à Tricastin, une fuite d'uranium vieille de plusieurs années a été signalée jeudi à l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) par une usine du groupe Areva, à Romans-sur-Isère (Drôme).
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Areva et le ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo ont assuré vendredi que cet incident n'avait eu aucune conséquence sur l'environnement et la santé humaine. L'ASN ne s'est pas prononcée dans l'immédiat.
"Ne surdimensionnons pas, il y a 115 petites anomalies par an. (..) On est sur des sujets sans effet sur l'environnement et sans effet sur la santé", a dit Jean-Louis Borloo à la presse.
L'incident fait suite à la découverte le 7 juillet dernier d'une première fuite dans une autre filiale d'Areva près de la centrale nucléaire de Tricastin, entre Drôme et Vaucluse.
Greenpeace estime que "derrière ces incidents à répétition se dessine la faillite de toute une filière dangereuse, coûteuse et inutile".
L'organisation Sortir du nucléaire réclame la démission d'Anne Lauvergeon, présidente du directoire d'Areva et la CGT demande à Matignon l'organisation d'une table ronde sur la sûreté nucléaire.
La nouvelle fuite, qui aurait été constatée lors d'une opération d'entretien, durait depuis plusieurs années, reconnaît l'exploitant, la société franco-belge FBFC, qui fabrique du combustible nucléaire à partir d'uranium.
La canalisation qui reliait un atelier de fabrication de combustible à une station de traitement n'était pas conforme à la réglementation, "qui demande une capacité de résistance aux chocs suffisante pour éviter toute rupture, a constaté l'ASN.
Areva assure que la fuite est circonscrite au site et propose de classer l'incident au niveau 1 de l'échelle internationale des incidents, juste au-dessus du niveau le plus bas.
"Le dispositif de surveillance montre que cet incident n'a eu aucun impact sur l'environnement. La tuyauterie défaillante a été fermée par les équipes", explique le groupe dans un communiqué.
ÉTUDE SUR LES NAPPES PHRÉATIQUES ET LES DÉCHETS
L'ASN, qui dit avoir été informée vers 17h00 (15h00 GMT) jeudi annonce que des mesures vont être faites. Trois inspecteurs de l'ASN se sont rendus sur place dans la nuit de jeudi à vendredi.
L'usine devait procéder vendredi au nettoyage de la zone contaminée, et l'ASN lui a demandé d'analyser la totalité des matériaux retirés pour évaluer les rejets en uranium.
Le 7 juillet, une fuite était survenue à l'usine de retraitement Socatri, autre filiale d'Areva, sur le site de la centrale de Tricastin, après le débordement d'une cuve de rétention lors d'une opération de nettoyage.
Après cet incident, des taux anormaux d'uranium ont été relevés dans l'environnement. Incidemment, les écologistes ont aussi attiré l'attention sur un site où sont stockés des déchets d'un ancien site militaire, apparemment sans précaution.
Des mesures restrictives sur l'eau ont été prises à la suite de la fuite de Tricastin dans plusieurs communes.
Elles devaient être levées vendredi car les prélèvements et examens toxicologiques effectués sur 19 personnes n'ont rien montré, a déclaré à la presse Jacques Repussard, de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).
La Socatri ayant mis plus de huit heures à signaler l'incident à l'ASN, qui à son tour n'a informé les autorités locales que six heures plus tard, l'affaire a suscité la polémique.
L'ASN a saisi la justice sur ce point et Areva a annoncé jeudi le remplacement du directeur général de la Socatri, déjà alertée en vain fin 2007 par l'ASN à la suite de défaillances. Anne Lauvergeon s'est rendue à Tricastin et à FBFC vendredi.
Jean-Louis Borloo a demandé à l'IRSN d'effectuer une étude des nappes phréatiques à proximité de toutes les centrales nucléaires françaises, et y a ajouté le sujet des déchets. Les résultats lui seront remis à l'automne, a-t-il précisé.
A Bruxelles, Ferran Tarradellas, porte-parole du commissaire européen à l'Energie Andris Piebalgs, n'a pas exclu l'envoi d'inspecteurs sur les sites concernés. Un système d'alerte oblige en théorie les Etats membres de l'UE à alerter leurs partenaires en cas de fuite radioactive.
Thierry Lévêque, édité par Gérard Bon
Source : Reuters